Montréal au Montréalais - Une île aux insulaires
Montréal,
Une ville vidée de ses touristes habituels. Et fort probablement de ses banlieusards qui ne voudront pas y mettre les pieds en ville.
Une scène inimaginable normalement durant la saison estivale.
Une île aux insulaires.
Montréal aux Montréalais.
Pour l’ensemble de l’année 2019, 11.1 millions de visiteurs ont foulé les artères de Montréal, en y dormant une nuit au minimum. Bien qu’une destination prisée à l’international, Montréal tire le plus gros de ses revenus touristiques des voyageurs québécois, canadiens et américains.
Tenez pour acquis que cet été, la ville appartiendra aux Montréalais. On décrit Montréal comme la Mecque de la COVID canadienne, ne vous attendez pas à voir débarquer des hordes d’autobus voyageurs à la gare Berri!
Des endroits seront déserts aux quatre coins de la métropole. Ou peut-être pas si les Montréalais se les approprient.
Les structures scéniques du parc Jean-Drapeau disparaîtront au grand plaisir des marmottes qui reprendront leur dû sur l’espèce humaine. Seuls quelques sportifs perturberont la quiétude de la faune, au grand plaisir des résidents de Saint-Lambert qui arrêteront (pour une fois) de se plaindre. Les wagons de métro de la ligne jaune seront enfin libérés de l’odeur de Coors Light matinale, comme c’était la norme chaque fin de semaine de festival. Dans le fond, chaque fin de semaine de l’été en temps normal. Pour une rare fois de l’histoire, le Vieux-Port sera libéré de ses touristes. Les Montréalais auront enfin l’opportunité de se réapproprier l’architecture et le fleuve de cet endroit iconique de la ville.
Et les restaurants dans tout ça? L’emblème gastronomique de Montréal, l’une de nos plus grandes fiertés à l’international. Eux aussi vont souffrir de la perte des visiteurs étrangers. D’autant plus que plusieurs restaurateurs commencent à voir les parcs comme une source de compétition. Les consommateurs peuvent se procurer du take-out et aller le manger dans l’espace vert le plus près puisque les terrasses sont encore fermées pour une période indéterminée.
Mais c’est là que l’innovation québécoise devra être mise à contribution. Déjà, des restaurateurs usent de créativité afin de modifier leur façade en ouvrant leurs fenêtres, créant un comptoir dans le même style que les camions de rue. Cette façon de se nourrir permettrait de rehausser l’offre et t’attirer les citoyens à (re)découvrir leurs restos.
Et pourquoi ne pas piétonniser l’entièreté de la rue Sainte-Catherine? C’est le cas dans le Village depuis des années, pourquoi ne pas exporter cette idée à d’autres quartiers? Le centre-ville est déserté par ses travailleurs en télétravail. Sainte-Catherine pourrait devenir une vente trottoir durant toute la saison estivale. Rappelons que ce quartier central de Montréal s’articule selon trois axes principaux – le travail, les festivals et la nourriture. Sans festival ni une majorité de travailleurs, les Montréalais doivent se réapproprier le centre de la ville. Pour une fois que nous serons dans une file d’attente pour autre chose que rentrer dans un festival!
Une ville vidée de ses touristes habituels.
Une île aux insulaires.
Montréal aux Montréalais.
Soyons audacieux!